Episode 8 - Novembre 2006

A la sortie de l’avion
Ce qui me frappe en arrivant c’est le sourire de mon homme Romano qui me dévisage. Ses yeux semblent dire « laisse moi te regarder : c’est bien toi ? ». Je n’oublierai jamais cela. On se sent si familier et étranger en même temps. On peine à se serrer dans les bras.
Dans un second temps, ce qui me frappe c’est l’abondance et le fait qu’il n’y ait que des blancs partout. Je cherche les noirs dans la rue. Ca me rassure.

Les retrouvailles
Dans un premier temps, on a envie de ne voir personne. On craint les questions, de ne pas savoir quoi répondre, d’être à côté de la plaque. On se sent bien avec des personnes d’MSF ! D’ailleurs, on a raison de craindre d’affronter certaines questions.
Morceaux choisis de
celles qu’on aimerait ne jamais avoir entendues (désolée pour ceux qui se reconnaissent) :
« Alors ? Raconte… »
« Heureuse de revenir au monde civilisé ? »,
« Alors, ton voyage ? tu dois être bien reposée après 6 mois de vacances ?»,
« Bravo, ça doit être dur de travailler avec les africains, fainéants comme tout »,
« Et ça se passait comment avec les nègres ? »
Et puis, y a toutes les autres, celles qui vous réchauffent le cœur, qui vous font du bien, qui vous font avancer et reprendre le contact, celles que vous ne vous étiez jamais posées.

Débriefing
Au retour, on est monopolisé par le siège MSF pendant plusieurs jours. Tout le monde veut vous voir, vous parler, vous questionner et surtout vous écouter. On veut tout savoir : vos problèmes, réussites, impressions, idées, relations, souhaits pour le futur. Et qu’est-ce qu’on a comme choses à raconter ! On s’étonne soi-même. On pense n’avoir rien à dire et pouf, voilà qu’on se transforme en fontaine à mots. Venus directement du terrain, on intéresse ceux qui organisent les missions à distance, nous sommes des témoins vivants de la stratégie élaborée à Paris.

Et toi comment tu te sens ?
C’est la question qu’on vous pose et…qu’on se pose soit même. C’est aussi la question qu’on se pose entre personnes revenues de mission avec MSF : toi aussi tu te sens bizarre ? Et ça a duré longtemps cette sensation ?
Se sentir un peu étranger à son chez-soi, à sa ville, à ses proches, à ses affaires… Tout semble familier et lointain en même temps.
On flotte comme dans un sas, comme si on n'était pas vraiment rentré. On est entre deux eaux et on ne réalise pas vraiment qu’on a quitté le Niger. Tant d’investissement, d’émotion, d’engagement…

Petit Bilan
Que dire ? Cette expérience a secoué mes habitudes comme disait Romain quand je suis partie. Peut-être plus que ce à quoi je m’attendais. J’ai le sentiment d’avoir grandi et d’être séduite par l'humanitaire tout en restant très critique.
Je sais que je repartirai, que c’est ce que j’ai envie de faire sans pour autant m’y impliquer totalement. Comment concilier travail, engagement humanitaire, vie de famille, amour ?…

Là, je suis à La Défense, Tour AGF, 25è étage, changement de décor (vue sur le sacré cœur quand même), changement de style. La motivation est là mais on ne peut pas dire que le profit humain soit le même…

Merci à toi lecteur. J’espère t’avoir un peu emmené avec moi au travers de ce modeste carnet de route. Et encore bravo si tu as tout lu ! J'espère ne pas t'avoir saoulé de mots.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je te remercie.

Je pars dans pas longtemps si tout se passe bien avec MSF Espagne (entretien positif) reste la PPD.

Pourrais tu m'expliquer un peu ce qui s'y fait, et s'ils continuent de tester des connaissances (autre forme de test?).

mon mail est: maxsanstaxes@hotmail.com

je te remercie