Toujours des petites nouvelles d’ici au bout de 5 MOIS. Le temps passe et c’est tellement énorme que j’ai du mal à trouver le temps de rédiger mon carnet !
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Quelques explications sur le programme
Alors voilà comment ça se passe : dans 13 villages on reçoit les mamans et leurs enfants. Elles patientent sous ce qu’on appelle des zones d’ombre où elles sont assises avec leurs bébés.
Des assistants nutritionnels nigériens pèsent, mesurent et prennent le périmètre brachial (tour de bras) des enfants. Si le rapport poids/taille est en dessous de la normale, ils sont admis dans le programme. On met un petit bracelet à l’enfant qui passe entre les mains d’une infirmière qui l’ausculte, le vaccine et donne le premier traitement.
Si l’enfant est seulement un peu malnutris, il suit le programme ambulatoire. C’est à dire qu’on donne chaque semaine à la maman du plumpy nut (pâte d’arachide enrichie parfaitement adaptée aux besoins nutritionnels des enfants) . Elle revient toujours le même jour et on suit l’évolution de l’enfant (poids, état,…) sur une fiche de suivi.
Si l’enfant est malnutris et malade, on le garde au CRENI (comme un hôpital de campagne) où il peut être perfusé, mis sous oxygène et être suivi par un médecin. Dans le CRENI, il y a plusieurs phases qui portent des noms telles que « Banane, Ananas, Papaye ou des noms d'animaux…) selon l’état de gravité de l’enfant.
Quand l’enfant est guéri, il sort du programme et on donne à la maman une ration de « décharge » : 25 kg de bouffe, 5 litres d’huile… pour éviter que la famille mange le plumpy nut destiné à l'enfant.
Actuellement, on donne aussi des rations de « protection » : grosso modo, il s’agit de donner de la nourriture à toute la famille du malnutris pour éviter que les parents et les frères et sœurs mangent son plumpy nut.
Break
Un matin après 3 mois de présence, on me dit : « prends ton break, t’es fatiguée ». Alors je pars à Niamey la capitale me reposer pour 9 jours. Romain ne peut malheureusement pas me rejoindre. C’est très bizarre d’être seule. Ici, on vit quand même 24h/24 ensemble entre expats. C’est le loft ! Moi qui aime être seule d'habitude, ça me pèse de ne plus voir les autres et je sens une distance qui se crée avec Romain. J'ai du mal à partager mon expérience nigérienne avec lui. Quand je regarde les photos que j'ai emportées, je vois presque Romain comme un étranger et cette fille qui est sur les photos, je vois bien que c'est moi mais une autre moi...ça me fait un peu peur cette sensation. L'autre jour je n'arrivais même pas à me souvenir du nom de ma boîte !
J'aurais aimé voir le désert et Agadez au nord, mais il fait trop chaud alors Niamey est une destination intéressante aussi. Quand j’étais arrivée à Niamey depuis Paris, j’avais trouvé que c’était un peu moche avec peu de choses à faire. Après avoir vécu à Maradi, je trouve que c’est une grande ville avec plein de choses à faire !
Les aventures commencent sur la route de Niamey dans le mini-van avec trois de mes collègues. On veut aller voir les dernières girafes d’Afrique sur la route Maradi-Niamey. On part avec un guide qui se met à la fenêtre pour repérer les girafes. Aucune en vue…il se met à pleuvoir et le guide qui a le corps à l’extérieur de la voiture enlève ses vêtements pour ne pas les mouiller. On aurait pu croire qu’il faisait chippendale. Il manque de tomber par la fenêtre parce que c’est devenu glissant. On risque de s’embourber et on ne voit toujours pas de girafes. De toute façon notre chauffeur passe son temps à klaxonner, donc il les fait fuir. C’était tellement farfelu tout ça qu’on pique un fou rire incroyable.
A Niamey, je trouve un hôtel avec jardin et piscine ! Au départ, cet endroit me met mal à l’aise après avoir côtoyé la pauvreté. Mais je me dis que c’est aussi mon univers et que j’ai besoin de ça pour me reposer et travailler à nouveau.
Je passe quelques jours sur les bords du fleuve Niger : visites de marché, pirogues, hippopotames dans le fleuve, villages Peuls, dunes, ballade à dos de chameau, tressage de mes cheveux, farniente à la piscine,….et nuit à la belle étoile sous une tempête de pluie !
Rencontre du 3è type
Pendant mon break, je rencontre des américains dans l’hôtel. La trentaine, ils travaillent pour une compagnie aérienne. On discute un peu de nos occupations. Le dialogue ressemble un peu à ça :
- Tu es venue ici pour gagner beaucoup d’argent ?
- Euh ! ben non c'est pas exactement le but, je travaille pour une ONG
- Ah ! (ils se regardent bizarrement). Alors tu viens pour un association religieuse ?
- Euh ! bon non, c’est plutôt médical (là je suis aussi bizarre pour eux qu’ils le sont pour moi !)
- Ha oui moi je suis médecin.
- Médecin ? mais médecin de quoi ? Dans la compagnie aérienne ?
- Non médecin d’eux au cas où ils tomberaient malade (il me désigne les 4 autres gars).
- Ha ! OK, il y a un médecin pour vous 4 qui vous suit partout ?! (j’hallucine). Dire qu’on a du mal à trouver des médecins pour nos 60 000 enfants…
- Mais tu as beaucoup de courage d’être là seule. Nous, depuis qu’on est arrivé, on a super peur : on met une chaise devant la porte du bungalow parce qu’on n'a pas d’arme…
- Hin hin. Ha oui ? (moi je dors la fenêtre ouverte).
- Et tu es allée dans un autre pays d'Afrique ?
- Seulement au Magreb et à Madagascar
- Madagascar ??!! Mais c'est très dangereux Madagascar....c'est où déjà ? Bref et tu fais quoi ce soir ?
- Je sors diner avec des amis. Je prends un taxi et je vais manger en ville.
- Mais c’est dangereux ! Ecoute, on t’emmène dans notre voiture…
Une heure après, je les vois débarquer au RDV en grande discussion dans leurs téléphones satellites et avec des bouteilles de whisky à la main ! On monte dans le 4X4 aux vitres teintées (le plus gros 4X4 que j’ai jamais vu). Ils sont stressés de savoir par où passer pour éviter de traverser le centre ville jugé trop dangereux.
A force de vouloir faire des détours, on se perd… ils commencent à flipper.
Là, j’ai un mal fou a les faire s’arrêter et ouvrir la fenêtre pour demander notre route aux gens dans la rue. Grâce aux vraies gens, noirs et pauvres certes, on retrouve notre chemin et on ne se fait pas du tout agresser (bien que leur 4X4 soit une vraie provocation). Ils hésitent à me laisser partir dans le bar que j’avais choisi…
Je rentre en taxi dans la soirée et alors que je dors à points fermés, je suis réveillée par le téléphone : les amerlocs bourrés me proposent de piquer une tête dans la piscine…bien sûr…
Le balayeur les retrouve échoués sur le bord de la piscine au petit matin. J'ai honte pour eux.
Et moi, cette nuit là, j’ai bien pris soin de fermer ma porte et ma fenêtre. Ce n’était pas des nigériens dont j’avais peur, mais des américains.
Les insectes morts sont nos amis
On a de la visite dans nos entrepôts ! : des charançons, des petites bestioles s’installent dans les sacs de bouffe….
Au départ, on a quelques sacs à détruire et Guillaume 1 veut les bruler pour éviter la propagation mais par principe certains ne veulent pas détruire de la nourriture sur un programme nutritionnel…C’est un dilemme : on ne peut pas donner de nourriture avariée aux gens et on ne peut la détruire. D’un autre côté, les gens se fichent de ce genre de détail ici...
Malheureusement, les bestioles se sont alors multipliées très rapidement. Et puis après il y a eu des serpents et des scorpions aussi ! Pour éviter cela il faudrait bouger les sacs tous les jours mais c’est impossible avec des milliers de tonnes !
On ne sait pas si on peut « fumiger » la nourriture (mettre des insecticides) alors on a l’idée de tamiser la bouffe pour filtrer les charançons !
Pour blaguer, quelqu’un a envoyé de France un tee-shirt avec l’inscription : « Les insectes morts sont nos amis ».
L’équipe
C’est vraiment la colonie de vacance. Chaque soir, un de nous s’improvise prof de quelque chose : salsa, yoga, anglais, foot, hip-hop,…
· Anne est la nouvelle logisticienne.
. Cécile est la nouvelle pharmacienne.
. Christelle est la nouvelle médecin référent.
Y a que des filles ma parole ! Qui dit que l'humanitaire est un domaine d'hommes ?
photo : Nathalie, Aurélie, Moi et Cécile
Allo maman bobo
Côté santé, je suis vraiment chanceuse pour l’instant : je ne passe pas par la case « malade ». En revanche, Guillaume 1 dont la gorge enfle est parti une semaine à Niamey sans succès. Alors il est rentré en France pour subir une batterie de tests et il s’avère qu’il a …un ulcère à l’estomac !
On a eu quelques palu, des dysenteries. Certains ont perdu 10 kilos et moi je grossi !
Mariages et baptêmes
Avec la polygamie, il y a tout le temps des mariages ici, notamment parmi nos salariés : dès qu’ils touchent un salaire, les hommes peuvent littéralement « s’acheter » une femme. Ce n’est pas la femme qui apporte une dot mais l’homme qui donne de l’argent pour « obtenir » la femme. Sur les certificats de mariage dans les dossiers des employés, je peux voir le prix des femmes !
Lors des mariages et baptêmes ou occasions spéciales (comme la journée de la femme dont je vous parlais), les nigériens adoptent une tenue particulière : un tissu est choisi et tout le monde doit se faire faire des habits à partir de ce tissu. Par la suite, c’est un moyen de reconnaissance dans la rue : on se dit, "tiens, eux ils sont allés à tel mariage, tel baptême… " !
Le tailleur
C’est pas très cher de se faire faire des vêtements ici. Mais c’est éternel quand on voyage, on se demande toujours « est-ce que je vais remettre cette tenue en France ? ». La réponse est NON. Certaines filles du groupe adorent se faire faire des habits et passent leur soirée chez le tailleur. C’est vrai elles reviennent avec des trucs sympas.Moi j’adore aller acheter du tissu dans les petits stand en ville mais j’ai la flemme d’aller chez le tailleur. Une fois je vais au hasard chez un tailleur pour faire des vêtements. Il se trouve que le tailleur est imam. Il me fait un col couvrant si étroit que je ne peux même pas passer la tête !Pleins de bisoux.
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